ENSEIGNER
/ APPRENDRE : 2 logiques....
d'après
Michel TOZZI
Enseigner, c'est :
- préparer un cours, c'est-à-dire, sélectionner,
hiérarchiser et mettre en ordre du contenu, avec la satisfaction intellectuelle
d'une œuvre d'analyse, de synthèse et d'engagement personnel. ( la « belle
fiche de prép ‘» )
- faire le cours prévu, c'est-à-dire
la leçon, exposer clairement et logiquement des idées, s'assurer de leur compréhension
par un jeu de questions-réponses. (la séquence de classe)
- donner des exercices, des devoirs,
des conseils, corriger des erreurs, proposer des modèles. (l'évaluation)
LES PRESUPPOSES
- l'enseignant doit traiter le programme
et préparer à un examen ou au passage à la classe supérieure.
- il est compétent dans le domaine
considéré (il connaît sa matière); il sait de quoi il parle et à qui: des
ignorants.
- le savoir est un contenu, l'élève
un contenant.
- ce contenu s'apprend parce qu'il
est transmis: l'enseignement, c'est la magistralité expositive, le discours du
maître.
- le public est en position de
"collectif frontal". Sa participation est sporadique.
- les mécanismes de compréhension
étant les mêmes pour tous, la raison étant universelle, tous peuvent comprendre
le même discours, à la même vitesse.
LES LIMITES DU MODELE
quelques postulats :
- la motivation par le contenu : ce
que je vais leur dire est, en soi, intéressant donc ils vont écouter.
- la compréhension par la clarté : je
sais être clair dans mes explications.
- la mémoire par la simplicité : j'ai
simplifié au maximum pour qu'ils retiennent facilement.
- le savoir-faire par imitation : ils
vont pouvoir le refaire puisque je le leur ai montré.
Mais cela marche rarement comme ça.
Alors...
S'ils écoutaient, ils comprendraient
mais ils sont démotivés, inattentifs et dispersés. S'ils faisaient un effort
ils retiendraient mais ils n'ont pas la volonté...
Mais est-ce vraiment l'échec de l'élève
ou plutôt l'échec du professeur qui, enfermé dans la seule logique d'enseignement,
est incapable de comprendre le fonctionnement d'une logique d'apprentissage.
LE REFERENT:
Il est en rupture avec celui d'une
logique d'enseignement car il déplace la problématique de l'enseignant vers
l'élève.
La performance n'est plus centrée sur
le maître mais sur l'apprenant car il s'agit d'apprentissage.
La relation privilégiée n'est plus
celle du maître au savoir mais celle de l'apprenant à ce même savoir.
Il s'agit moins de transmettre un
produit de pensée que de s'en approprier le processus.
Pourquoi cette nécessaire
décentration ?
Pour éviter l'illusion d'optique : la
logique de celui qui apprend c'est-à-dire la manière dont il fonctionne dans sa
tête et son corps, n'est pas celle de celui qui expose. Celui-ci, parce qu'il
sait, a l'amnésie de l'apprentissage de son savoir.
Tout est clair quand on a
"compris" mais encore faut-il avoir compris. Et on ne peut facilement
transférer la simplicité et la clarté du cerveau de celui qui sait dans celui
qui apprend, pour lequel c'est souvent compliqué et confus parce qu'il est
justement en train d'apprendre.
POURQUOI ET COMMENT ON APPREND ?
Il faut que comprendre et retenir
aient un sens pour le sujet. La logique d'apprentissage implique une pédagogie
du projet d'apprendre.
L'apprenant n'est pas une terre
vierge: il a des représentations qui souvent font obstacle à l'apprentissage.
L'apprenant n'est pas une cire molle que le savoir marquerait de
son empreinte. Le cours magistral est efficace pour les bons élèves parce
qu'ils repensent pour eux-même la pensée du maître, c'est-à-dire sont actifs
dans l'écoute. L'apprentissage est une démarche d'appropriation, une
auto-socio-construction des savoirs et savoir-faire.
Les représentations sont travaillées
par le conflit socio-cognitif, en petits groupes avec les pairs puis en séance
plénière. Le raisonnement inductif est privilégié ainsi que l'auto-évaluation
avec des critères découverts par l'apprenant.
L'erreur n'est plus alors une faute.
C'est une étape incontournable dans un apprentissage, c'est une information
régulatrice d'un progrès à construire.
Enfin les individus ont leurs
stratégies d'apprentissage, leurs habitudes cognitives à prendre en compte par
la différenciation des méthodes.
L'enseignant ne délivre plus simplement un contenu, il médiatise le rapport des apprenants au savoir.
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